1902
UN TRAMWAY POUR MELESSE
Le 6 juillet 1902, le conseil municipal de Melesse se réunit en session extraordinaire
sous la présidence de Monsieur Alexandre Michel maire -, Monsieur Lecoq, 2d adjoint est désigné secrétaire de séance.
C'est sous forme d'une pétition que la municipalité s'adresse au Préfet, aux conseillers généraux, aux députés pour demander la rectification du tracé du tramway départemental entre St Aubin d'Aubigné et Rennes.
C'est 1894 que le Conseil Général a adopté à l'unanimité le projet primitif de tramway de Rennes à Antrain sur proposition des plans de l'ingénieur Rousseau , le tracé définitif (cf le plan) emprunta la ligne de Fougères jusqu'à Liffré, puis s'en détacha par le N.O. par Ercé, Gahard, pour rejoindre Sautoger évitant Saint-Aubin-d'Aubigné. Cette décision entraîna à l'époque une vive protestation du conseil municipal de ce chef-lieu de canton et le conseil général devant le bien-fondé de la réclamation, décida dans sa séance du 22 septembre 1899, qu'une variante serait créée pour desservir St Aubin d'Aubigné.
Au cours de l'année 1901 paraissait le décret décidant la création d'une ligne de tramway partant de NE-Forêt vers St Sulpice, Chasné et St Aubin d'Aubigné, allant ensuite rejoindre Sautoger près de Sens.
C'est contre ce projet que la municipalité de Melesse réagit et présente ses arguments.
Un regard jeté sur la carte permet de constater le parallélisme des 2 lignes qui desservent St Sulpice avec 350 ha et la commune de Chasné avec 664 ha. Selon les municipaux de Melesse cette dualité de voies ferrées dans une région non industrielle et peu habitée serait d'un rendement kilométrique absolument nul pour l'une des deux voies, ce qui de toute évidence semble logique. C'est pourquoi le conseil municipal de Melesse propose le tracé suivant:
La voie de trarnway serait branchée sur celle de Rennes à Hédé (cf plan) soit à St Grégoire, la Brosse, Montgerval ou La Mézière, passerait par le bourg de Melesse qui est la plus importante commune du canton avec 2441 ha, franchirait le canal à l'écluse de Fresnay, traverserait la voie ferrée avant la gare de St Germain puis se dirigerait en droite ligne vers St Aubin d'Aubigné.
Ce tracé aurait des avantages économiques pour les communes. La ligne desservirait la minoterie de Fresnay établie sur la commune de Chevaigné qui compte 750 ha et les fours à chaux de Quenon, l'une des plus importantes industries locales. La gare de St Germain Sur Me pourrait devenir une plate-forme d'échanges. En effet Melesse seul consomme 12 000 sacs de son arrivant à Rennes par voie ferrée, beaucoup de paille et de fourrage. La municipalité évoque la réduction des coûts de transbordement et de transport de Rennes à Melesse.
Cette ligne de tramway serait un atout pour d'autres communes qui possèdent des activités industrielles. Les charbons de St Malo et de la Mayenne sont indispensables aux minoteries de Romazy, les productions minières de Vieux-Vy et celles des nombreux fours à chaux, de Quenon, du Bois Roux, des Tressardières emprunteraient forcément le tramway.
Les industries de Montreuil Sur Ille dont les usines Rey, consomment quant à elles de forts de tonnages de bois de chêne et de châtaignier pour la fabrication du tanin utilisé en tannerie.
Le lecteur comprend que le conseil municipal insiste sur le développement économique que cette ligne de tramway apporterait à de nombreuses communes du canton de St Aubin d'Aubigné.
Outre les considérations économiques, les membres du conseil soulignent que ce service régulier et rapide de transport de commerce du canton à leur chef lieu et des principales communes au chef-lieu départemental répondrait au principe même qui a présidé à la création du réseau départemental de tramway. Melesse, la plus importante commune du canton serait reliée tant à son chef-lieu qu'à la ville de Rennes.
Malheureusement pour les Melessiens, les choses n'allèrent pas dans le sens de leurs espérances. En effet, «pour tenir compte des « états d’âme » du modeste chef-lieu de canton de St Aubin d Aubigné (moins de 1700 ha) qui se sentait humilié d'être (presque) le seul de la partie nord du département à n'avoir pas encore de gare... » (1) C'est la nouvelle ligne partant de Mi-Forêt vers St Aubin puis Sautoger qui fut construite.
Par contre, leurs prévisions furent
justes car la nouvelle section Mi-Forêt-Sautoger (1 9km8OO) enregistra un
déficit chronique et greva lourdement les bilans de la compagnie des TIV. Un rapport d'exploitation évoque « la diminution progressive de la recette
kilométrique ». La requête des Melessiens ne fut pas isolée. En effet, après la construction du réseau
rayonnant de Rennes une véritable fringale de tramways s'empara des
municipalités et entre 1900 et 1914 pas moins de 30 projets furent présentés au
conseil général parmi lesquels il faut inscrire celui de Melesse.
(1) « Petits trains d'Ille
et Vilaine » Dieuleveult - Edom - Boumeuf - Mindeau
Ed. Cénomane