L'HORLOGE
ANCIENNE DE L'EGLISE
Les travaux récents de remise en état de l'installation électrique de l'église et la réfection des planchers du clocher ont été l'occasion de déposer l'horloge ancienne. Son mécanisme était lié à un cadran blanc équipé d'une paire d'aiguilles en tôle galvanisée peintes en noir qui se déplaçaient sur le cadran à chiffres romains. Celui-ci rythmait autrefois l'heure des Melessiens.
Depuis des millénaires l'homme avait compris le rythme des années, des saisons, de la lune, l'alternance des jours et des nuits. Partout il attribuait aux Dieux cette régularité cyclique. Toutefois la mesure précise du temps devient vite une nécessité pour le navigateur, le marchand, le conquérant.
Dans l'Antiquité, les Egyptiens, les Grecs, les Amérindiens utilisaient la clepsydre ou horloge à eau. Un vase percé d'un trou laisse couler de l'eau, des graduations situées à l'intérieur permettent de mesurer des intervalles de temps. Là où l'eau est rare, la clepsydre est remplacée par le sablier dont l'utilisation a parcouru des siècles.
Au gnomon (invention très ancienne utilisant le déplacement de l'ombre d'un bâton) succèdent les premiers cadrans solaires sans graduation des heures. Ce n'est qu'au 16ème siècle que l'heure est définie comme la 24è' partie du temps séparant deux passages au zénith. A partir de cette époque, pratiquement toutes les églises portent un cadran solaire sur leur façade ou sur leur clocher.
Les premières horloges apparaissent au 13ème siècle mais ce n'est qu'au 18ème, qu'elles se sent grâce aux améliorations techniques qui permettent une bonne précision.
LA PREMIERE HORLOGE DE L'EGLISE DE MELESSE
Dessin de
l'ancienne église
Le recteur Michel Gouyon (1759 1768) ajoute à l'église
de Melesse (cf dessin) une tour octogonale surmontée d'un clocheton, un travail
d'art aux dires des connaisseurs.
Très vite les
melessiens s'intéressent à cette mesure nouvelle du temps et le 27 août 1785,
le mouvement d'une horloge est installé dans la lanterne de la tour à la plus
grande joie de la population, qui, ce même jour, entend le carillon de la
cloche qui vient d'être baptisée. Cette
horloge fabriquée à Rennes, a coûté la somme de 500 livres au conseil de
paroisse (appelé fabrique à cette époque).
C'est probablement cette horloge qui a fait l'objet d'un marché entre M.
HUCHET serrurier à Saint-Gerrnain-Sur-Ille et M. BIGOT DU CHENAY maire de la
commune (1830-1848). M. HUCHET devait
améliorer le système de remontage de l'horloge pour le prolonger de 24 heures
à une semaine. C'était un progrès appréciable pour le
sacristain de l'époque obligé de grimper au clocher chaque jour.
1897 : L'HORLOGE GALLES
A la fin du 19è' siècle, l'église de Melesse est devenue trop petite et insalubre, elle nécessite bien des travaux. La richesse de la commune, la plus importante du canton, est aussi un facteur décisif dans le choix de la fabrique pour la construction d'une nouvelle église. Le projet est soumis à l'architecte MELLET qui propose les plans d'un bâtiment de style néo-byzantin représentatif de quelques unes des églises construites alors dans la région rennaise. Débuté en 1885, le chantier s'achève en 1890 à la très grande satisfaction du recteur VINCENT qui a connu tous les tracas de la réalisation d'un projet aussi ambitieux, et de celle des Melessiens, fiers de cet ouvrage auquel ils ont participé par leurs deniers et par le transport de la pierre. Vu d'aujourd'hui, cet édifice devait avoir un aspect assez pompeux pour une commune de 2500 habitants.
Qui dit clocher dit horloge ; les Melessiens attendront encore six ans avant de lire l'heure au clocher de l'église. En 1896 le conseil municipal projette d'acquérir une horloge et le conseil de fabrique donne son accord pour son installation dans le clocher. M. GALLES, horloger à Rennes, fournit un devis (que nous n'avons pas retrouvé dans les archives municipales). Nous savons aussi, que les Melessiens ont participé à l'achat de l'horloge par une souscription publique. Cette horloge dite « à quarts deux coups » sonne les quarts d'heure et les heures. Ainsi passèrent les années et les décennies.
En 1954 l'horloge présente des défaillances, « elle a pris du jeu et de l'usure dans toutes ses parties pivotantes et frottantes », ce qui est très normal après un fonctionnement régulier de près de 60 années. M. MONNIER, maire, contacte la société LUSSAULT de Tiffauges en Vendée, spécialisée dans la haute précision horlogère depuis 1872, société aux « nombreuses références de municipalités » dans notre région. C'est l'heure d'un choix pour le conseil municipal de Melesse : l'horloge ne tient plus l'heure, elle doit être remontée deux fois par jour, or M. BRETEL, le sacristain, « ne peut plus assurer ce travail en raison de son grand âge ». La société LUSSAULT rappelle qu'une horloge monumentale doit se réparer tous les demi-siècles : « Melesse en fait désormais partie » ; elle propose une remise à l'état de neuf de toute l'installation avec la garantie décennale d'une horloge neuve ; l'horloge sera alors susceptible de fonctionner normalement et de donner complète satisfaction pendant une nouvelle période d'une soixantaine d'années. La société LUSSAULT, « ingénieur du temps », conseille aussi de profiter de la réparation de l'horloge pour remplacer le remontage à la main par un remontage automatique. Le marché est conclu sur ces propositions. Monsieur le Maire répond à M. LUSSAULT en ces termes : «j'ai soumis au Conseil Municipal vos devis... relatifs à la restauration et à la transformation de l'horloge de l'église de la commune... l'Assemblée municipale a décidé de vous confier les travaux de rénovation de cette horloge... »
Schéma réalisé par l'installateur M. MANDIN
L'horloge
Galles 1897 à « quarts deux coups » a fonctionné de nouveau le 19 janvier 1955
avec un remontage « électro - automatique » ... à la seconde près !
Il en a coûté la coquette somme de 183 676 francs à la commune; ce qui a repoussé d'une dizaine d'années le remplacement du cadran émaillé par un cadran lumineux en opaline.
Facture de la Société LUSSAULT.
Le remarquable mécanisme de cette horloge qui a marqué tant d'évènements melessiens sera bientôt exposé au regard des habitants dans l'église même. Aujourd'hui où le temps est rythmé par le quartz et l'étalon atomique infiniment plus précis mais qui échappent à notre esprit et à nos sens, cette pièce magnifique que l'on ne refera jamais plus, permettra aux générations de mieux ressentir leur filiation et formons le vœu qu'elles retrouvent un rythme de vie moins effréné.
M. Le Guen
Association
Melesse à travers les âges
Droits réservés