Gilles Ridard 1er Maire de Melesse

 

 

          Une nouvelle rue se dessine à Melesse, au fur et à mesure que s'édifient « les Villas Melecia » à l'emplacement de l'ancien Unico.

 

          Le conseil municipal, après délibération, a décidé de dénommer la voie de desserte de l'ensemble immobilier du nom du ler maire de Melesse : Gilles Ridard.

 

          L'association « Melesse à Travers les Ages » vous propose de découvrir cette personnalité locale, par le biais de l'élection de la l ère municipalité.

 

 

 

 

103 notables pour désigner la municipalité

 

 

C'est en février 1790, que Melesse, comme le reste du territoire national, prépare la mise en place des transformations administratives annoncées par l'Assemblée Constituante.

 

Le décret invite les notables de la paroisse à constituer une municipalité pour remplacer le général (instance de pouvoir) qui, sous l'ancien régime administrait la paroisse.

 

103 notables, sur une population estimée à 2 300 h, sont réunis dans l'église, le 25 février 1790, à 10 heures très précises. C'est le lieu habituel de publication des ordonnances royales et dans la mesure où les mairies n'existent pas encore, l'église est l'endroit où est élue la l ère municipalité. Il est possible d'imaginer le climat qui règne dans l'assemblée. Les badauds sont attroupés autour des notables car l'enjeu est important, la curiosité aussi. Dans le Cahier de Doléances rédigé le 3 avril 1789, les melessiens avaient clairement réclamé que le Tiers Etat prenne le titre général de Peuple français ; ils voulaient s'émanciper de la tutelle de la noblesse. Sous le calme des apparences, la lutte pour le pouvoir est engagée.

 

   A Melesse, cette lutte se conjugue avec une querelle de personnes, projetée sur la scène publique lors de l'élection municipale. Huit mois de conflit vont empoisonner la politique locale et former des clans parmi la population.

 

C'est le dur apprentissage de la démocratie.

 

2 personnalités en lice

 

Le pouvoir de l'ancien régime est dominé par le recteur Thomas Monnier qui exerce son ministère ecclésial depuis 1778.  Il a acquis une réelle influence et espère bien, comme de nombreux recteurs de cette époque, participer activement aux élections municipales, voire exercer une fonction.  Son abondante correspondance prouve sa force de caractère, voire sa véhémence dans certaines circonstances.

 

Son adversaire, dans la joute qui s'engage, est Gilles Ridard, fermier aux Alleux ; c'est un notable, comme en atteste sa charge de membre du conseil paroissial.

 

Entre les deux hommes il y a plus que de l'animosité. Après un procès contre le recteur, Gilles Ridard a regagné le conseil de fabrique dont il avait été exclu... « par le caprice du recteur » (sic, Gilles Ridard).

 

Lors de l'élection, tout se joue entre ces deux candidats possibles.

 

 

Une élection houleuse

 

Ce 25 février, tout commence par des réclamations.  Le recteur conteste la présence

du procureur de la Cour de Rennes et déclare la réunion illégale faute de non respect du délai  de convocation.

 

 

 

   Une bataille de procédure s'engage et pendant les trois jours nécessaires à l'élection du maire et des six officiers municipaux, les partisans de Thomas Monnier et de Gilles Ridard s'invectivent lors de séances houleuses et jalonnées d'incidents. Pour la première fois des melessiens votent, mais certains ne savent pas écrire et comme il n'y a pas d'urne, les              « bulletins » sont collectés dans un chapeau. Le dépouillement a réservé des surprises puisque les scrutateurs ont dénombré plus de billets que de votants ! C'est une nouvelle occasion pour Thomas Monnier d'affronter le clan Ridard et de l'accuser d'avoir préparé des bulletins à l'avance, en distribuant des pots de vin et des bolées dans les cabarets du bourg.

 

 

 

 

 

C'est au second tour que Gilles Ridard obtient la majorité absolue.  Il devient le premier maire de la commune de Melesse, que le procès-verbal de séance désigne toujours selon l'ancienne appellation : « paroisse de Melesse, évêché de Rennes ».

 

Le 28 février 1790 est un jour solennel.  Nous sommes le dimanche, la nouvelle municipalité, les notables prêtent serment devant les melessiens réunis dans l'église.

 

 

Les affres de la gestion municipale

 

Les difficultés s'amoncellent pour le maire Gilles Ridard. Le trésorier de l'ancienne paroisse, Jean Baptiste Desevedavy La Marre refuse de rendre les clés du coffre-fort de l'église qui contient les papiers administratifs et les fonds.

 

Gilles Ridard utilise même son propre argent pour régler des affaires municipales et le paiement du secrétaire greffier.

 

Autre tracas : celui de l'impôt. Il faut appliquer le nouveau système. Lourde responsabilité pour le maire qui désigne les « égailleurs » chargés d'établir le rôle des contributions pour le calcul de l'impôt mobilier, foncier ou encore la patente.

 

Quant aux citoyens, ils ont été sommés de déclarer leur fortune. Est-ce une mesure suffisamment incitative ? De nombreuses plaintes s'accumuleront sur le bureau du commissaire de canton et dans le bocage, il se dit « qu'un tel est trop taxé, que tel autre ne l'est pas assez et qu'un troisième ne l'est pas du tout ». La décentralisation administrative a compliqué le travail des nouveaux maires et sans doute provoqué des animosités.

 

A l'actif de la nouvelle municipalité citons la création de la garde nationale de Melesse. Pierre Hardy est le vaillant capitaine de ces citoyens en armes qui n'ont en fait que des fusils de chasse... quand ils en possèdent ! Mais peu importe, seul le patriotisme compte dans ces premiers temps révolutionnaires ; ceci explique la fédération des gardes de Melesse, Betton et Saint Grégoire pour la grande fête de l'unité retrouvée : la Fête de la Fédération, le 14 Juillet 1790. Deux cents citoyens militaires prêtent serment de s'unir pour une « union éternelle » et jurent de préférer donner leur sang plutôt que de « reprendre les fers avilissants» de l'Ancien Régime.

 

Une élection frappée de nullité

 

Après l'élection de Gilles Ridard, le recteur Thomas Monnier contre-attaque. Il porte plainte auprès du directoire du département qui envoie un enquêteur à Melesse pour vérifier la procédure électorale. Il arrive dans la commune le 6 septembre 1790, soit le jour du décès du maire Gilles Ridard. Aucun document d'archives ne signale un état de santé maladif du maire. Alors, est-ce l'annonce de l'enquête administrative qui lui a porté un coup fatal ? L'Histoire ne nous l'apprend pas, mais peu importe.

 

Le premier Maire de Melesse, Gilles Ridard, a pendant ces six mois d'exercice, mérité la confiance publique pour avoir mis en place les nouvelles structures de l'Etat moderne. Lors de son serment, il avait juré de remplir les fonctions publiques avec « zèle et courage ». Les documents que nous avons consultés nous permettent de dire qu'il a été à la hauteur de ce serment.

 

Mais l'histoire locale ne s'arrête pas là. Après trois jours d'enquête, la 1 ère municipalité est dissoute pour vice de procédure.  Cela ne nous surprend guère ! Lors du vote, le procureur avait purement et simplement prélevé une poignée de billets du chapeau dans lequel on déposait les bulletins !

 

Le 8 novembre 1790, des élections « régulières » élisent Michel Anne Ridard, second maire de Melesse. Il est le frère de Gilles Ridard et notaire à la Rebourcière.

 

Depuis 1790, 24 melessiens ont été nommés ou élus maires de la commune ; certains ont assuré plusieurs mandats tels Monsieur Repessé (1919 - 1942) ou Monsieur Monnier     (1949 - 1977).

 

 M. Le Guen et Bruno Lis

 

  Association d'histoire

« Melesse à Travers les Ages »

Droits réservés

  « Si vous le voulez bien », selon la formule d'un célèbre animateur radio, nous vous ferons visiter le « bouge » (habitation paysanne) de Gilles Ridard, fermier, qui possédait quatre vaches, un cochon à soie blanche... mais ni or, ni argent... selon l'inventaire effectué après son décès.
A suivre...

   

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