L'ANCIENNE EGLISE DE MELESSE
En 1986 l'association Melesse à Travers les Ages a édité une plaquette pour le centenaire de l'église Saint-Pierre, dont les travaux débutés en juillet 1885, s'achevèrent en 1890. La nouvelle église s'élève sur l'emplacement de l'église antérieure dont la construction datait essentiellement des 15ème et 16ème siècle. C'est cette église ancienne que nous vous proposons de visiter aujourd'hui. Au fil du temps nous avons collecté des documents iconographiques qui permettent de visualiser l'église gothique, dans laquelle des générations de melessiens ont pratiqué leurs dévotions en un temps où la Vierge et les saints étaient pour eux des personnages tout puissants, capables de les aider dans le besoin, les saints étant alors invoqués pour leur spécialité.
VUE DE L'EXTERIEUR
La porte principale
et plusieurs fenêtres appartenaient au style gothique fleuri, c'est-à-dire orné
et flamboyant. Des rampants étaient agrémentés d'un lion et d'une lionne en
granit. Sur le mur sud, une porte latérale s'ouvrait sur un porche Renaissance
aux forts belles sculptures et d'un art accompli : poutres engoulées décorées
d'écailles et de rinceaux de feuilles, colonnes et sablières ornées de sirènes,
d'anges de chimères,,d'oiseaux, d'un joueur de flûte, d'une tête de mort ...
N°2
Ce porche abritait un bénitier en granite daté de 1527, dont le flan externe de la cuve porte un écusson aux armes effacées, soutenu par deux lions. Classé Monument Historique (MH) en 1919, il est actuellement dans l'entrée principale de l'église.
N°1
A L'INTERIEUR
La voûte, d'une facture classique en berceau et entièrement lambrissée, avait une faible élévation, le sol de la nef et des chapelles latérales était pavé de « briques communes» (il s'agit de tommettes de couleur brique, comme il en existe toujours dans l'église d'Aubigné). Dans le choeur, les familles nobles possédaient un enfeu (1) : les Launay du Han, de la Grimaudais, de Beaucé et dans le haut de la nef une pierre tombale appartenait aux seigneurs des Loges en La Mézière. La maîtresse- vitre du chevet portait les armes des Launay du Han ainsi que la litre (2) qui garnissait la corniche entourant l'église (cf . le dessin de l'architecte Langlois). Des décors peints au dessus de cette litre sont également visibles sur le dessin.
N°3 Vue intérieure du flanc Nord de l’église établie par l’architecte Langlois (3)
Les piliers (cf. dessin de l'architecte langlois) sont ceux de la double chapelle de la Sainte Vierge qui communiquait avec la nef par deux arcades reposant sur trois colonnes rondes de diamètre inégal, les chapelles communiquaient entre elles par deux arcades s'appuyant sur une colonne. Les membres de la congrégation fondée par le recteur Bertin en 1818 s'y réunissaient devant l'autel de La Vierge le 1er et le 3ème dimanche du mois après les vêpres ainsi qu'à toutes les fêtes de la Sainte Vierge. Au dessus de l'autel un tableau représentait l'Assomption de la Vierge Marie. Notons au passage qu’une confrérie du Rosaire a existé à Melesse de 1753 à 1800.
Le maître-autel (dans le bas-côté sud de la nouvelle église et restauré en l990), est aujourd'hui le seul élément qui reste du retable, panneau qui était placé au chevet de l'église derrière la table d'autel, face aux fidèles. Il a vraisemblablement occulté la maîtresse- vitre aux armoiries des seigneurs fondateurs de l'église, les Launay du Han.
N°4
Au vu du croquis réalisé en 1866 par l'architecte Arthur Regnault, ce retable, par son style et son décor baroque, s'inscrit dans la grande réforme liturgique du 17ème siècle. Dans le contexte local il s'agit d'un retable de style Lavallois, modèle largement diffusé par les artistes locaux dans les églises bretonnes.
Le retable de l'église de Melesse, en bois sculpté et doré était richement décoré et animé de plusieurs personnages, grands et petits. Le saint patron de la paroisse, Pierre, figurait à gauche comme le veut l'usage, à droite, dans la seconde niche, se trouvait sans doute Saint Paul, le second patron de la paroisse.
N°5
Ces grandes niches encadrées par des colonnes entouraient un tableau représentant la descente de l'Esprit Saint sur les apôtres. L'entablement qui porte le tabernacle est surmonté de petites niches qui recevaient également des statues, ainsi, le retable animé de nombreux personnages, participait à la diffusion du culte des saints.
Parmi les nombreux saints honorés dans la paroisse, citons Saint Joseph et l'archange Saint Michel dont les statues ont été conservées et sont visibles dans l'église actuelle. Celle de saint Joseph a perdu sa polychromie mais celle de Saint Michel (17ème siècle) a été retrouvée lors d'une restauration en 1990.
Cet intéressant plan établi par l'architecte Henri Mellet en 1884 pour la construction de la nouvelle église, superpose les plans de l'ancienne et de la nouvelle église (5). Si l'ancienne église, petite et tassée, affichait 340 m2 de superficie, la nouvelle, lumineuse et spacieuse avec ses 5OO m2 , affiche la fierté d'une commune devenue prospère à la fin du 19ème siècle.
N°6
N°7
Légende des documents
N° 1 : Tableau de l'ancienne église retrouvé dans une ferme Melessienne
N°2 : Mur sud : le porche Renaissance et la chapelle Saint Jean Baptiste. Chapelle à fenêtre ogivale et meneaux de pierre, porte latérale avec arc plein cintre.
Ce porche remarquable et rare de nos jours, est visible à la chapelle Notre-Dame de Lorette aux Alleux.
N°3 : Vue intérieure du flanc nord de l'église, établie par l'architecte Langlois en 1866
N°4 : Le maître-autel restauré (ISMH) (4) 1988
N°5 : Collection particulière. Croquis du retable extrait d'un carnet de croquis de l’architecte Arthur Regnault (3)
N°6 : Statue de Saint Michel (ISMH) 1988
N°7: Plan réalisé par l'architecte Mellet en 1884
Renvois
(1) niche funéraire à fond plat
(2) grande bande à l'intérieur de l'église sur laquelle sont peintes ou sculptées les armoiries du seigneur patron.
(3) document fourni par le père Roger Blot, en charge du patrimoine dans le diocèse.
(4) inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques.
(5) 3 plans du mur nord de l'église ancienne sont fournis dans cette étude ; Leur observation attentive permet de remarquer que les dessinateurs n'ont pas établi le même repérage. En effet,
l'emplacement et le nombre des ouvertures ne sont pas identiques.
M. Le Guen
Association
Melesse à travers les Ages
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